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Holy Land
13 janvier 2006

Cococci five Mon nom Depuis le 2 janvier de l’an

Cococci five

Mon nom

        Depuis le 2 janvier de l’an 2006, j’ai été identifiée sous le nom de Cococci 5. Je me reconnais dans cette appellation. S’il y avait un nom avant, je n’en ai pas souvenir.

        Je ne cherche pas à savoir si ce nom me convient ou pas de part sa sonorité, je ne suis pas pas apte à en juger, mon sens de l’esthétique a été nettoyé. « reset ». Je prends ce nom comme il m’est venu à l’instant du départ, et avec lui toute la charge des informations qui m’ont été révélés en bloc, en vrac, sur la nouvelle identité qui incombe à cette mission sans précédant.

        Je prononce Cococci five, et comme à chaque fois, je n’ai pas besoin de me regarder dans un miroir, ni même dans mon sac, je sais à cet instant que, cette fois et pour plus de quatre mois :

      Mes yeux sont bleu ocre

      Mes cheveux sont partiellement blonds et filasse, coupés à la « va comme je te coupe » avec une mauvaise lame.

      Ma taille est raisonnable, mon poids instable et ma peau de texture soyeuse, de robe pâle et mouchetée.

      Je suis de sexe féminin, mes organes génitaux ont été laissés en état de fonctionnement, et mon têton gauche est rétractile. Il se peut que j’ai à découvrir une fonction inconnue du coté du sein gauche, mais l’usage ne m’a pas encore été révélé.

       Un léger strabisme divergeant me procure une vue à 360 degrés.

       J’appartiens à la caste du groupe « Meril Terrelle », être polymorphes, volubiles, versatiles, amphibis et polyandres, victimes de vertiges chroniques mais faisant preuve d’un sens de l’adaptation et de l’humour qui vaut pour tous ses manquements; incapable de ne pas entendre, de ne pas voir, esprits dispersés mais rapides, fuyants, souvent confus, lents à la course et à la prise de décision mais loyal et fidèle à ses coéquipiers.

       Dès ma rencontre avec mes coéquipiers je comprends que nous avons été choisis pour notre complémentarité. Je perçois dans Black Jack une capacité à la concentration et une aptitude à percevoir le réel, un dévouement hors du commun, une stabilité et une détermination chez Miss Terry qui n’est pas sans me rappeler la configuration de l’équipe choisie pour la mission « L’ » dont il me reste une mémoire résiduelle que je n’ai pu me résoudre à effacer de mon disque mou, tant elle avait été riche d’échanges et de bon compagnonnage. De mémoire de Meril Terrelle, je n’ai d’autre souvenir d’une mission aussi riche de perceptions proches des émotions humaines qu’on nomme « affect », même si cette mission dut être interrompue en cours d’achèvement ,et que chacune d’entre nous durent être rappelées à leurs activités de couverture. Il faut dire que à chaque nouvelle mission, les Meril Terrelle  comme les autres mandatés, Guai-Tympans dont je crois  fait parti Black jack et  les autres castes, sommes privés de certaines aptitudes à ressentir des émotions qui pourrait nuire à leur efficacité. Sont supprimées les émotions de type « mal des transports,vague à l’âme, nostalgie et mal du pays, engouement pour la mode, l’ameublement et toute forme d’apparat, affects type attachement pour un animal  ou un être humain, sentiment amoureux, fascination mystique, spiritualisme, conditionnement esthétique.

     Instinct de survie, apréhention du danger, appréciation des végétaux et de l’architecture et des paysages, goût pour la gastronomie, sens de l’orientation, emportements, évaluation des risques et des distances, loyauté,reconnaissance, vengeance, sont laissés en fonction.

         J’ai l’impression que Betty Krolls  a été partiellement formatée pour cette mission, tant elle fait montre d’un certain goût pour le contact physique et d’une réactivité émotionnelle impulsive et inhabituelle chez les mandatés. Si c’est ce que je crois, elle doit faire partie des Corps Emotifs, qui sont rarement envoyés en mission mais dit on dans les missions les plus difficiles tant ils sont aptes à soigner les corps et les âmes par leur douceur et par application de leurs mains. Je n’en avait jamais vu, Je sais aussi d’eux qu’ils ont les yeux d’un brun profond et les cheveux aux reflets changeants comme l’aurore.

           Comme à chaque fois il va falloir s’habituer aux rythmes, des compagnons, à leurs odeurs, à leurs bruits.

   

            D’amblée nous réalisons chacune que nos bagages ont été confectionnés sans considérations aucune pour les conditions météorologiques,et empaquetés dans des contenants totalement impropres à nous faciliter la mobilité. Du matériel pour la prise de son, des instruments de musique, des ordinateurs de l’avant dernière génération, pas de vivres, pas d’alcool, pas de tente ni de mobil-home rétractile à propulseur rétro-inversé-bi-dimentionnel,pas d’émetteur, pas de pisteur, ni de tripoteur neuronal. J’en conclu qu’il ne s’agit pas d’une mission d’espionnage, ni de triviale poursuite. Dommage j’avais pris mon maillot à facettes et mes baskets à pelouse tout terrain. Toute l’année dernière j’avais entraîné mon corps, sûre d’être mandatée pour une prochaine mission de type « ZEP-SEX ». C’est pas encore pour cette fois. Putain qu’est ce qu’il faut leur prouver aux autorités, moi qui avait même renoncé à toute forme d’attachement dans ma vie civile. Du moins il me semble,tout sacrifié pour une « ZEP-SEX » (zone d’exploration pércutante-super exil).

          Et voilà que je me retrouve avec des sweet à capuche et un pipot démontable.

          Terry a sorti une contrebasse miniature. Betty Krolls aussi se retrouve avec un pipot. C’est rare d’avoir deux mandatés pourvus des mêmes armes. A moins qu’il s’agisse d’une erreur, d’ailleurs Black Jack est venu sans rien. Erreur ou pas il va falloir faire avec. Du pipot ! Qu’est ce qu’on va bien pouvoir faire de ça.

          Après concertation, nous convenons que nous avons affaire à une mission de type « SLD »configuration « CAT ». « sédentaire-longue-durée » configuration « coopération active de transmission ». Qu’est ce qu’on va bien pouvoir transmettre. On n’a même pas d’émetteur à piston et dès le premier jour je sens que mon récepteur placé dans l’oreille  commence à se désagréger. La douleur devient insupportable, Je sens que mon tympan se congestionne. J'essaie de dissimuler ma souffrance mais depuis quelques heures Black Jack qui parle toujours plus fort que tous les autres me hurle dans l'oreille et il m est difficile de retenir une grimace.  Saletés de Guai-Tympans,jamais malade et le vice dans la peau.

           Notre arrivée en Holy Land .

digne d'un roman de science fiction. Evidemment personne ne nous attendait au poste d'immigration; comme toujours il nous faut faire nos preuve et ruser d'adaptabilité. Black Jack a bien failli tout faire capoter, son passeport avait été mal formaté et quelques sceaux d'une vieille mission en terre hostile nous a attiré des emmerdes. 3 heures d'attente en salle d'incubation, analyse des scelles, trempage de l'iris à l'eau d'aveux. Bien fait pour elle, elle a vraiment du être recrutée au dernier moment.

           La fatigue, la faim, la confusion. Un alphabet incompréhensible. Tel Aviv. J'essaie de traduire: "dis à vivre".

           Finalement nous trouvons le bus numéro Cinq, censé nous conduire à notre correspondant à Tel Aviv. Miss Jacqueline, 200 Ben Yehouda Street. Le chauffeur semble au courant, les voyageurs du bus, tous des partisans, font semblant de ne pas nous reconnaître mais deux d'entre eux s'assoient  près de nous et nous parlent en français au sujet de l'itinéraire le plus judicieux. Un petit gros libidineux essaie de nous mettre à l'épreuve en nous engageant sur une mauvaise route, mais une vieille en foulard nous suggère d'ignorer ses conseils et de descendre à l'arrêt indiqué par le chauffeur .

           C'est toujours pareil. Il faut être vigilant, suspecter chaque individu, faire confiance à son instinct : la vioque  plutôt que le gros. Le bus file à toute allure. Les valises à roulettes dégringolent dans l'allée du bus. Nous rions. Dans une heure nous aurons récupéré le sommeil perdu, et Jaqueline nous guide sur la plage. Les filles ont l'air absentes, Je pense que les drogues qui nous ont été inoculées pour le temps du transferts font encore sur elle leur petit effet, leurs mouvements sont lents et désordonnés, leur haleine fétide, et leurs paroles manque de cohérence. Je pense que dès demain matin elles seront en état de veille, en état de marche, en bon état.

       Black Jack porte une sorte d'alliance argentée qu'elle lèche de temps en temps avec sa langue. Sûrement quelque grigri qu'on lui aura offert  pour la protéger. Je porte moi même à la boutonnière Muse, mon Tyrex de poche. Les muses de l'ancien monde sont les plus propres à stimuler les instincts primitifs d'autodéfense. Je caresse le museau de Muse. Je sens la douceur de ses incisives sous mon index. Black Jack lèche son alliance, de choeur nos regards se tournent vers la ligne bleue qui sépare le bleu de la mer du bleu du ciel, l'eau recouvre nos pieds. Un instant après, la sensation de l'humide parvient à nos orteils, plutôt que de reculer nous restons immobiles, nos chaussures dans l'eau et dans nos chaussures nos pieds douloureux, les yeux fixes, bleu et fixes, en communauté de couleur avec notre environnement. Le bleu est la couleur qui sied aux âmes vagabondes. Je n'ai pas de souvenirs à me remémorer. Je ne sais à quoi m'attendre. Je ne me suis préparée à rien. Je ne m'attends à rien. Je ne rêve pas, Je suis en état de veille. J'éprouve une sorte de nostalgie vide de tout objet. Quelque (chose?)me manque. Un vide se fait sentir, ravivé par la sensation de l'eau, la morsure du sel. Je cherche. Je ne trouve pas. Le manque creuse dans mon corps. Mon corps a été visité. La nostalgie fouille des interstices insondables. Je suis une Meril Terrelle en mission, je me dois de conquérir la sensation d'entièreté. Vite combler  l'espace du manque par des images du présent, Ouvrir les yeux, réduire la focale, faire le point sur la situation, voir le visage de Miss Jaqueline, voir ses lèvres bouger, comprendre qu'elle me parle, diriger l'écoute, reculer d'un pas sur le sable, prendre la main de Black Jack et l'attirer en arrière, faire le geste de chasse-errance, et prononcer l'incantation aux oubliettes. Je sais  à cet instant que Black Jack et moi avons vécu un moment de résurgence émotionnel stimulé par la sensation de l'humidité sur notre peau. Je sais qu'elle est encore sous l'emprise des drogues et qu'elle n'en gardera aucun souvenir. Je sais que je n'oublirai pas m'être souvenu de quelques souvenirs qui échappe à ma mémoire. Insaisissable image d'un ancêtre, d'un à venir. D'un advenu, je fouille comme au sortir d'un rêve les restes d'un royaume. Vaine quête d'icônes en une terre iconoclaste. Reste la couleur bleu de mer, bleu de ciel. Je suis une Meril Terrelle, mon coeur bat sous l'effigie de mon Tyrex. Muse au monde comme y ayant à mordre.à fondre, sur sa proie, laquelle. Comme neige, je n'ai jamais désiré autre chose que cette fonte, j'ai dû fondre en quelque foyer lointain. C'est au printemps que l'on fond. Je passerais l'hiver, je me passerais de fondre et me tiendrai solide, seule et dressée. Le temps du temple.

      Plus tard dans la soirée, nous rejoignons nos correspondants pour une cérémonie de communion acoustique. Tom Zip et Jonnhy Cello ouvrent la cérémonie et munis de leurs instruments favoris de musique ils nous informent du contenu de notre mission. Malgré la vive douleur dans mon tympan droit, je décode le message électro-acoustique: formation musicale de jeunes recrues dans la Zone Pelée. Quant au but tout est plus clair. Pour ce qui est de la méthode il va falloir me tenir à carreau et au courant et garder un oeil sur Black jack.

Je sombre emportée par la fièvre, Betty Krolls me tend la main, étrange, je lui ai déjà fait la bise, elle évite ma main et applique sa paume sur mon oreille malade. Une chaleur insupportable emporte les derniers fragments de mélodie du violoncelle. Je m'évanouie.

      Dans un dernier clin d'oeil, j 'emporte l'image d'un homme mince au regard bleu liquide, il dit "yes" quatre fois, parle d'un rendez vous, d'un film à tourner ensemble. La nuit je m'endors sur les collines d'Hollywood. Moteur,Action. Une nuit notre Holly-Land brille sous les feux de la rampe et Jane Kelly me souffle dans l'oreille des baisers à mourir là sans peur..

Well well.

"C’est bien ,ça !"

Tiens, curieux, cette phrase, elle me vient  d’où cette phrase? Pas mon vocabulaire habituel. Pourtant j’ai dû l’entendre peu avant de partir sinon elle ne se promènerait pas  dans mon disque mou…bizarre…il va falloir s'y faire, les autorités sont de moins en moins consciencieuses quant à l'exécution des formalités de préparation des mandatés. Ils doivent être débordés de travail. On connaît l'aptitude des  Meril Terrelle à s'émouvoir d'un rien si en plus je dois me trimballer des souvenirs. Bon, je trouverai bien le moment pour m'isoler et faire une petite Cérémonie des Oubliettes, j'ai pris tout le matos,au cas ou.

        Mon tympan brûle. Mon oreille résonne : sûrement quelques paroles entendues juste avant mon départ qui ne trouvent pas audience. Depuis mes écoutoires je suinte.

Je suinte donc je suis.

Je me dois de suivre le cours des événements ; je n'entends plus rien à ce que nous sommes venue faire ici. La fièvre. Ça commence bien mal, mais ça commence. Je ne suis qu'en état de suivre. Je ne me remets pas de cette douleur. Je m'en remets à Elles.

    

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