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Holy Land
20 février 2006

Evacuation jour après jour par Miss Terry

terasse1terrasse2terrasse3terrasse4 VENDREDI 3 FEVRIER L’évacuation. Les coups de téléphone s’enchaînent coopération universitaire : « Vous voulez bien quitter Naplouse.merci pour votre collaboration. » CCF : « Je passe vous prendre. Tenez-vous prêtes.» Elle n’était pas seule notre Mam Marianne, des hommes kaki armés sans cagoule l’accompagnaient. Un véhicule suivait le sien que conduisait Akil. Vraiment ? Une menace pèse –t-elle sur les ressortissants étrangers des pays qui ont publié les caricatures ? Prenez peu d’affaires c’est l’histoire de quelques jours, le temps que tout rentre dans l’ordre. « De quel ordre parlent-ils» pensais-je ? La rencontre. Nous sommes garées devant la maison des sœurs Mère Térésa de Naplouse. Mam Marianne descend de la voiture et sonne. Une sœur sort et, à sa suite, on aperçoit la frimousse d’une jeune fille dans l’entrebâillement de la porte. Dès le premier regard, Angéla fit l’unanimité. On l’a embarqué. L’arrivée à Jérusalem. Passage aux bureaux du SCAC. Mam Marianne nous offre le déjeuner à « L’Ambassadeur ». Ensuite, nous retrouvons, déjà installés sur les canapés du café attenant au restaurant, les expat de Jérusalem, Gaza, Ramallah… on les rejoint dans la fumée des chichas, la vapeur des thés à la menthe pour une partie de langues en l’air de quelques heures : caricature, journaliste, caricature, média, radio, sécurité, caricature, photographie, ambassade, grenade, kidnapping, caricature, centre culturel français, vidéo, rançon, caricature. En fin d’après-midi à l’ambassade ou plutôt au consulat général de France. Nouvelles mains serrées, un gendarme nous guide à nos appartements. Admirez sur les photos le confort de nos chambres et salles de bain, l’imprenable vue de la terrasse sur la vieille ville et le plaisir d’un petit-déjeuner chic. Soirée. Rdv au Jérusalem Café. Ce dont je me souviens: ma première Taïbé (bière palestinienne) et l’amplification des deux musiciens qui jouaient ce soir-là. Imaginez le charme des frappes d’une darbouka dont le joueur est à peu près à un mètre. Imaginez maintenant le charme de ces mêmes frappes retransmises dans des enceintes tout autour de vous. Une envie énorme de solitude et de silence m’envahit. Je quitte les lieux plutôt pour retrouver notre chambre, celle que j’allais partagée avec Black Jack. Bain. Lecture. wadi12 wadi2 wadi3 SAMEDI 4 FEVRIER Programme : Randonnée au Ouadi Guelt. Mam Marianne, Sir Gate, Black Jack et moi embarqués pour un aller- retour jusqu’au Monastère Saint-georges. Pêle-mêle : La marmotte est joueuse. Le gendarme frileux. Le paysage biblique. Le couteau suisse utile.. Le touriste est au zèbre ce que le ballon de basket est au pope serbe. La pierre glissante. Une envie de thé Lapsang Souchang. L’aqueduc sinueux. Un âne mort. Des chèvres obéissantes. Le bédouin mystérieux. La nuit est tombée. Dans la 4x4, retour à la résidence. Commande de pizzas. mermorte DIMANCHE 5 FEVRIER 10h00. Mam Marianne emporte Black Jack, et moi pour la journée. Premère étape. Rdv avec Sodjamil au check point de Ramallah. On est un peu en avance. Thé avec des habitants sur une butte. Douceur du soleil sur nos visages. Seconde étape. Dead Sea. Arrêt à un spot de baignade. Bout de plage aux cailloux arrondis à l’entrée payante. Nous sommes en Cisjordanie plus qu’occupée. Mobilier de plage. On s’installe à l’extrémité. Vite dans l’eau. J’y suis. Black Jack m’interpelle. « Ne plonge pas. » Ma caste allait me jouer un tour. Je m’apprêtais à y aller la tête la première. Déjà les yeux me piquaient des restes de gerbe d’eau avec laquelle je m’étais arrosée. Flotter. Nager comme on peut. Se laisser glisser. S’éclabousser le moins possible. Découvrir l’inédite douceur de sa peau. Savourer. Flotter. Bain de vase. Douche d’eau douce. Dégustation de fruits. Troisième étape. Premier épisode de la saga du CCF de Naplouse, d’un journaliste et des brigades du retour.C’est ici, face aux montagnes jordaniennes, à partir de 14h10, que les oreilles de Mam Marianne ont été prises d’assaut par ses deux téléphones. Quatrième étape. Thé à Jérusalem chez Mam Marianne. Cinquième étape. Dîner aux Stones à Ramallah. Repas copieux et discussion sérieuse en compagnie de Regard-qui-brille et un de ses amis. Black Jack a son crâne qui tappe. Entre plat et dessert, elle s’embarque dans une leçon d’arabe. Retour. Le week-end est terminé. Demain, Mam Marianne reprend son travail au siège de Jérusalem, l’évacuation des ressortissants français est prolongée. Nous ne retournerons pas à Naplouse. Désoeuvrement, incompréhension, colère. Le danger = autorité. Les images ont été plus vites que nous. Téléphoner en occident. Ecouter le fossé. Faire avec. Ecrire. J’écoute mon cœur battre. LUNDI 6 FEVRIER Violon. Visite de la vieille ville avec Angela et Betty Kroll. Rêverie dans les ruelles aux échoppes d’Ali-baba made in india. Au Saint Sépulcre, je pose ma main sur la tombe de Jésus, cette même main que j’aime blottir dans celle fine et plissée d’une femme vendéenne. Dans la grotte des Kopt on improvise une polyphonie à la recherche de nos âmes, aux corps retrouvés. On sort différente. Cela tombe bien, on nous fouille. Le Mur des lamentations. L’esplanade de la Mosquée est fermée. On se restaure. Jus de Grenade. Falafel. Surprise. On range nos deux checkels pour en sortir 20. Lot de carte postale, foulards et pèlerine en main, je quitte mes deux acolytes. A la résidence. Lipton Yellow. Sieste. Séance de travail avec Black Jack. Réunion en comité extraordinaire. Dialectique à vide. Fleur de peau et ras le bol. Faisons des efforts, plus d’efforts. Toutes dans le même lot du lendemain incertain. 22h00. Départ pour dîner. Première sortie by night à Jérusalem Ouest. MARDI 7 FEVRIER 8h30. Mam Marianne vient nous prendre, on part pour la journée à Naplouse. Visite au gouverneur, le représentant de l’autorité palestinienne. La sécurité des français à Naplouse? Incursion israélienne de jour. Démolition d’un immeuble. Le gouverneur demande de faire évacuer les habitants. Le quartier a été cerné mais pas évacué. Echapper à la pensée des martyrs du soir et pour toujours. Y plonger. On passe devant le CCF, Mam Marianne ralentit. Ils ont tagué sur les murs et portail : « Fermer jusqu’à nouvel ordre. ». Passage dans notre appartement. Lessive. Rangement de notre départ précipité. Vaisselle et poubelles. Derrière chez nous le rossignol y chante . Déjeuner avec Youssef et Abdel Akim. On écoute leurs témoignages. Ils étaient devant le CCF dimanche. Mise en scène. Oui mais : un M 16 à la tempe d’un homme qui a dit « ce n’est pas démocratique ça. » et des tirs en l’air. La mère de notre ami Akhil est morte. Mam Marianne nous emmène chez lui pour offrir nos condoléances. L’enterrement avait eu lieu la veille et deux jours de visite suivaient dans deux lieux différents, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Nous voilà immergées dans l’intimité d’une famille. Vingt trois femmes étaient réunies dans une même pièce. Leurs voiles étaient blancs. Prières silencieuses Dattes. Solennité. Retour à Jérusalem. Mam Marianne nous dépose devant le CCF de Jéru Est. Nous devons aller chercher notre membre des Méryls Terrel « Cococci Five on arrive. » Sur le trottoir on tombe sur le Consul Général. Présentation diplomatique. Ecoute des nouvelles de Naplouse, compte rendu succin de notre visite chez le gouverneur. « Pour les jours qui suivent vous pourrez faire des allers-retours». On file dès qu’on peut, Cococcie 5 ne nous attendra pas. MERCREDI 8 FEVRIER La nouvelle est matinale : « vous ne pourrez pas aller à Naplouse demain jeudi » . C’est le jour de notre atelier de théâtre musical avec les enfants des camps de balata et de la vieille ville de Naplouse. Annuler le cœur gros. Une journée tranquille à la résidence et dans la ville. Cesser le vertige. Les nouvelles des journaux français me sont insupportables. Ici, nous travaillons à la liberté d’expression. Autrement. JEUDI 9 FEVRIER Invitation au déjeuner de travail du consul général. Hervé MDM, Josette MSF, Miss Terry Musicienne, Michel Première Urgence.. Coccoci Five Four young teacher in Nablus… et bien d’autres. On parlera de notre projet, on écoutera les observations de chacun des participants, on mangera, on s’entretiendra avec nos voisins de table, on saluera monsieur le consul général, le remerciera et partira. VENDREDI 10 FEVRIER On fait nos sacs. En peux plus de l’attente. On met tout dans nos sacs. Nazareth. Duaibis et Maha. Ateliers à l’El Mutran School. SAMEDI 11 FEVRIER Le checkpoint est franchi Un soupçon de liberté. A Jénine, on prend la magnifique route de montagne. On rentre chez nous. Croyons rentrer chez nous. Souhaitons demander l’autorisation d’y rester. La demandons. 17h00. Départ la mort dans l’âme avec Marianne pour Ramallha puis Jérusalem. Ce fut notre dernier élan de naïveté. Nos gardiens ne sont pas des anges. mosq DIMANCHE12 FEVRIER Dôme du rocher. Tournée autour de la Mosquée Al Aqsa. Vieux murs et oliviers. Le temps est compté. SECONDE SEMAINE D’EVACUATION Lundi-Mardi-Mercredi-Jeudi : Aller-retour Jérusalem Naplouse chaque jour. Cours à l’université. Dernier épisode du CCF:Mam Marianne a reçu en main propre des hommes des brigades un bouquet de roses rouges de velours. Vendredi : Nazareth Samedi 18 février. DODO A NAPLOUSE de Cococci, Black jack et moi. Le CCF est toujours fermé. Mam Marianne à Jérusalem. Tout le monde saura demain si je suis kidnappée et personne saura la mort dans la nuit de quatre jeunes adolescents de Balata. lit
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